top of page

États-Unis et migrations environnementales :

Un enjeu international

to About

Dans un monde où l'urgence climatique prend une place importante dans le débat public, l'anticipation des mouvements migratoires est un enjeu encore peu étudié par les politiques. Lors d'un voyage d'étude aux États-Unis organisé par le biais de l'Université Laval, l'occasion d'aller à la rencontre d'experts sur le sujet était trop belle pour ne pas la saisir. Le sujet des migrations environnementales est un thème qui touche particulièrement les jeunes et futures générations qui sont aujourd'hui beaucoup plus concernés que leurs aînés. En opposition aux discours alarmistes, se pencher sur les solutions de demain et les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir, en prenant l'exemple des États-Unis, paraît plus juste. D'un point de vue à la fois journalistique et universitaire, ce web-dossier multimédia propose une vision différente des discours pessimistes et de montrer que des situations anticipées comme catastrophique peuvent en réalité être bénéfique. Le tout c'est qu'il faut passer à l'action !

D'après Catherine Withol de Wenden, directrice de recherche émérite au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) et Docteure enseignante en science-politiques à Science-Po Paris, les migrations internationales ont triplé en l'espace de quarante ans. Dans un de ses articles, elle explique que les déplacés environnementaux représenteront "la moitié des migrants de demain".  À cause de ces migrations, des questions sur l'évolution et la définition claire d'un statut de "réfugiés" font l'objet d'une attention particulière des domaines économiques, juridiques et politiques.

Ainsi, dans la continuité de la vidéo présentée plus haut, l'infographie provenant du rapport Groundswell émis par la Banque mondiale à propos des migrations environnementales internes sur trois grandes régions du monde, donne des pistes, des chiffres et des prévisions pour comprendre facilement l'enjeu qui nous fait face.

Growndswell_ClimateMigration_French_AEM.

Rencontre avec Martin Schain, professeur émérite à l'université de New York (NYU). Spécialiste en politique comparée et en immigration, qui propose un aperçu de l'aspect politique de l'enjeu traité.

Crédit image / montage : Samuel Sauvageau-Audet & Paul Latiere

"Il nous faut la volonté, il nous faut l'argent fédéral et local, il nous faut une action coordonnée"

Par le biais de cette entrevue, il explique la situation environnementale et migratoire sur une échelle à la fois nationale et globale. Il dresse un portrait sur le changement continu des politiques, sur l'importance de la mobilisation et de l'action des générations actuelles et futures. Il pose les bases des processus et solutions en cours, tout en mettant l'accent sur la différence majeure qui subsiste entre ces deux termes.

 

Même si les solutions prennent du temps à s'ancrer , Mr. Schain rappelle bien que le fait simple de poser les questions au préalable peut être porteur de changements positifs. Il évoque la question du changement climatique sous un angle d'approche différent, en mentionnant non seulement l'aspect scientifique à l'origine des maux de la planète, mais aussi les aspects sociaux et politiques, qui ont des conséquences importantes.

Pour avoir une vision plus claire du nombre de personnes et des régions du monde touchées par le problème migratoire dû au changement climatique, l'infographie proposée ci-dessous provient d'un article de la journaliste Jessica Benko pour le New-York Times Magazine et y explicite les déplacements humains au niveau mondial.

Illustration par La Tigre

Les États-Unis jouissent d'une image, à l'international, de protecteur du monde, d'un pays qui propose la stabilité et la sécurité. Quand les effets du changement climatique se feront ressentir, le pays devra faire face à la fois aux migrations internes et externes.

 

Pour pouvoir attaquer le sujet de la position des États-Unis face à ces enjeux, Susan Martin, experte sur les questions d'immigration, propose son analyse. Elle aborde dans cette entrevue les prévisions futures, la question du statut de réfugié, la collaboration internationale, la stagnation de l'action politique, l'engagement citoyen et sur la transformation d'un problème migratoire en une solution bénéfique. Mme Martin met également en garde de ne pas tomber dans les scénarios fatalistes, souvent exploités pour créer un mouvement de peur et provoquer une réaction immédiate des États. Enfin, elle rappelle le côté gérable de la question migratoire au niveau international.

"la migration est l'une des meilleures stratégies de gestion des risques pour les populations pauvres"

Question : Comment pouvons-nous définir un réfugié climatique ? Est-ce un terme adéquat ?

 

Susan Martin : Tout d’abord, je n’utiliserais pas ce terme, sauf dans certains cas spéciaux. Il y a parfois des situations dans lesquelles les conséquences du changement climatique s'entrechoquent avec les conflits, violences ou persécutions … Les personnes qui sont déplacées en raison des effets du changement climatique peuvent aussi être des réfugiés. Par exemple, le gouvernement ne leur fournit pas d’aide en raison des différents opposants politiques ou en raison des différences religieuses.

 

Mais la définition du mot réfugié est tout de même assez spécifique : Ce sont des gens qui ont subi des persécutions sur la base de l'ethnicité, de la religion, de la nationalité, d'opinion politique, d’appartenance à certains groupes et inclut les personnes qui fuient en raison de conflits ou de violences. Mais pour les personnes qui traversent les frontières, il n’y a actuellement aucune définition légale qui les caractérise comme réfugiés ou en fonction du type de migrants qu’ils sont.

 

J’utilise donc généralement le terme « migrant environnemental » ou « migration induite par l’environnement ». Et ensuite, à l’intérieur de ce cadre, on retrouve un petit nombre de personnes qui sont des réfugiés. C’est très différent d’une personne « déplacée » car le gouvernement n’essaie pas de leur faire du mal, et c’est pour cette raison que je réagis à l’utilisation du terme « réfugié » en lien avec le changement climatique.

 

 

Q : Quelles sont les prévisions futures pour les 10 à 15 prochaines années et quel serait le rôle des États-Unis dans ces dernières ?

 

S-M : Avez-vous lu le rapport de la Banque mondiale ? Parce que c'est la recherche majeure qui a été faite à l'échelle mondiale avec des spécificités régionales sur les niveaux projetés. Ils se sont surtout penchés sur les déplacements internes parce que ce sera probablement la grande majorité des personnes qui seront touchées qui vont devoir se déplacer d'un point de leur pays à un autre. Le rapport de la Banque Mondiale a une section sur l'Amérique centrale, ... Donc c'est un bon début pour notre recherche. Nous pouvons déjà observer des mouvements qui ont à l’origine différents facteurs autre que le facteur écologique en provenance d'Amérique centrale.

 

La raison pour laquelle il s'agit d'un déplacement plutôt que d'une simple migration interne régulière et d'un déplacement transfrontalier est causé par la violence qui y règne et non à cause des facteurs environnementaux. Alors ce mélange des causes est vraiment important et nous parlons maintenant d’intersectionnalité (def : est une notion employée en sociologie et en réflexion politique, qui désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de stratification, domination ou de discrimination dans une société.) et c'est l'intersection de l'environnement et des facteurs politiques qui rendent plus difficile de traiter ces situations sans déplacement à grande échelle. Le scénario idéal (utopique dans ce cas-là) serait que les gens migrent en anticipant le danger et qu’ils le fassent d'une manière sûre et ordonnée plutôt que d'être forcés de déménager parce qu'ils n'ont pas d'autres choix.

 

Mais la plupart des recherches actuelles sur les changements environnementaux et les migrations indiquent que la migration peut être une stratégie d'adaptation positive, mais seulement si elle est faite d'une manière dans laquelle les gens sont en sécurité et qu’ils aient les ressources nécessaires pour utiliser leurs compétences. Et qu’ils soient accueillis par des communautés qui comprennent tous ces facteurs... Pour le moment cela est difficilement envisageable car il n’existe pas une voie, une route qui garantirait la sécurité des migrants environnementaux.

 

C'est une lacune dans le droit international et c'est une lacune dans la plupart des pays aussi bien dans les lois nationales que dans le droit international. Il y a plus de lois en ce qui concerne le déplacement, le fait de ne pas renvoyer les gens d’où ils sont parti à cause de catastrophes naturelles, que de lois qui anticiperaient les 10-15 prochaines années voire jusqu'en 2050. Les lieux dans lesquels nous vivons aujourd’hui ne seront plus forcément viables demain. Nous devrions avoir un moyen de nous permettre de suivre une migration régulière : il n’en existe tout simplement pas …

La deuxième question concernait les États-Unis… Bien sûr, sous cette administration, nous n'allons rien faire, on nie complètement l'existence des changements climatiques. On a tenté de fermer la seule voie légale dont nous disposons pour permettre aux gens de rester dans le pays après des catastrophes naturelles. Dans le cas du Salvador, du Guatemala, du Honduras et d’Haïti il y a une tentative pour mettre fin au statut de protégé temporaire les rendant à nouveaux illégaux ou alors les déporter … A l’inverse, l’administration sous Obama se penchait beaucoup plus sur le sujet pour trouver différentes solutions pour la protection des populations qui ne sont pas sous le statut de réfugié mais qui sont dans des situations à risques.

 

Ce qu’il y a de malheureux (même si les États-Unis n’est plus le seul pays capable d’agir dans ces domaines, en gardant en tête que nous sommes le plus gros producteur de CO2 et le plus grand récipient d’immigrants dans le monde) c’est que même si les États-unis jouent un rôle pour trouver une solution, elle ne fonctionnera pas et ce sera un retour de flamme parce que l’administration ne se sera pas impliquée complètement dans la mise en place des solutions trouvées.

On peut prendre comme exemple l’administration Bush. Ils n’étaient pas hostiles aux immigrants, ils avaient même une attitude positive face aux réfugiés. Mais les américains sont très prudents à l'égard de la coopération internationale et de la collaboration dans des dossiers de la sorte. Il est très probable que quelconque républicain qui arriverait au pouvoir agirait avec méfiance sur ces questions. L’administration de Bush a refusée de participer au forum mondial de la migration et du développement ainsi qu’à la Conférence de Cancún de 2010 sur les changements climatiques … Il est difficile de prévoir le comportement des États-Unis dans le futur. Une chose qui arrive souvent quand une administration est moins confortable avec la collaboration internationale, ce sont les personnes du gouvernement précédent qui sont plus ouvert sur les questions internationales et ce sont-elles qui sont invitées pour participer à des colloques pour donner le point de vue Américain. Mais elles ne peuvent pas se prononcer à la place du gouvernement ni même parler pour lui.

 

 

Q : Avec ce que vous avancez, pensez vous que les États-Unis seront capables de collaborer avec de nouveaux partenaires afin de consolider un système international de coopération ?

 

S-M : Sans un changement de présidence, c’est peu probable que cela puisse arriver. Je ne m’attends pas à ce que cela ressemble à l’époque où les États-Unis d’Amérique était considéré comme un pouvoir indispensable. En effet, nous sommes allés bien au-delà de cette situation. Franchement, les européens n'avancent pas comme on aurait pu s'y attendre. Vu que les les États-Unis sont sortis de la coopération internationale, on aurait pu croire que l'Union européenne irait beaucoup plus loin.

 

Sans la participation des États-Unis et son aide pour rassembler toutes ces autres puissances, je ne vois pas beaucoup de processus. Dommage que l'administration Trump n'ait pas signé l'autre pacte sur la migration et les réfugiés.

 

Les États-Unis auraient pu aider en donnant à la prochaine administration et en la guidant vers un projet de protection des réfugiés et de protection des migrants. Il y avait un programme érigé par l’administration Obama en relation avec les Philippines, l’Union européenne et d’autres pays afin de développer un ensemble de directives, et ce dans le but d’aider les migrants lors de crises, lorsqu’ils travaillaient, vivaient ou agissaient en tant que touristes dans un autre pays alors qu’un désastre naturel avait lieu. Comment évacuons-nous ces personnes de la manière la plus efficace et comment faisons-nous pour les réintégrer dans leur société s’ils doivent quitter le pays ?

 

L'étape suivante consistait à élaborer un ensemble de directives sur les migrants vulnérables, ce qui signifie qu'ils partaient soit parce qu'ils étaient vulnérables aux conflits ou aux catastrophes, soit parce qu'ils se trouvaient dans une situation de transit où leurs droits étaient bafoués. Mais dès que l'administration a changé, les États-Unis ont arrêté de promouvoir ce programme.

 

 

 

Q : C’est un futur noir qui se présente à nous alors ?

 

S-M : Hmmm oui et non … Ce qu’il y de positif c’est que la société civile et dans certains cas le secteur privé font des pas en avant qu’ils n’avaient encore jamais fait ! Je pense aussi qu’il y a des gouvernements étrangers qui font des progrès et essayent de faire une différence. La France, par exemple, qui prend au sérieux sa fonction de « leader » lors de la COP 21. Mais nous ne devrions pas être dans une situation où la dépendance d’un pays à un autre soit importante surtout dans le système mondial dans lequel nous sommes depuis la seconde guerre mondiale. J’étais dans l'administration Clinton durant la crise en Bosnie et c’était extrêmement frustrant pour les américains qui voulaient intervenir pour éviter le carnage. L’Europe à ce moment disait que c’était de son ressort et non des américains puisque ça ce passait sur leur continent … C'était sur leur territoire, s'ils n'étaient pas disposés à intervenir dans les conflits en Europe, il est peu probable qu'ils le soient ailleurs.

 

 

Q : Pour ce qui est des migrations internes et externes, laquelle des deux représentera le plus grand défi à surmonter aux États-Unis et dans le reste de l’Amérique du Nord ?

 

S-M : Si vous êtes en train de me parler des conséquences du changement climatique aux États-Unis pour ce qui est de la mobilité, ce sera sans doute juste interne. Cela pourrait aller aussi d’un État à l’autre. Par exemple, après l’ouragan Katrina, la majorité des personnes qui ont été déplacées de la Louisiane se sont rendus dans les États du Golfe. Ceux près du Golfe du Mexique sont allés à Houston. Bref, ces personnes sont parties de Louisiane, Alabama, Mississippi vers le Texas.

 

Pour ce qui est des gens qui viennent aux États-Unis en provenance d'autres pays, nous avons un statut de protection temporaire en vertu de la loi. Tant que c'est ce qui est prévu par la loi, un président peut offrir une protection temporaire à ceux et celles qui ne peuvent pas rentrer chez eux parce que les conditions dans leur pays d'origine sont trop dangereuses pour leur santé et leur sécurité.

 

Et dans ce cas, le gouvernement du pays concerné doit demander au gouvernement des États-Unis de permettre à ses citoyens de rester aux États-Unis et, à un moment donné, ils obtiennent généralement un permis de séjour ainsi qu'un permis de travail de 18 mois. Tous les 18 mois, lorsqu’il est déclenché, tous les pays qui sont encore en difficulté continuent à demander le renouvellement du statut de protection temporaire, que l’on appelle "TPS". Pour donner un exemple, il reste donc des personnes déplacées en 1998 en raison de l'ouragan Mitch qui sont encore sous protection temporaire et en attente d’un statut permanent.

 

Et ce n’est pas terminé, il y a aussi les quelques tremblements de terre qui ont eu lieu au Salvador au début des années 2000. Dix-neuf ans plus tard, et les personnes affectées sont encore en protection dite temporaire. Ils peuvent donc être expulsés, mais ils ne peuvent pas non plus faire venir leur famille ici parce que c'est censé être temporaire. Si leur familles sont ici, elles vont bien. Mais si elles sont toujours au Honduras ou au Salvador, ils n'ont pas le droit d'amener leur famille.

 

Ceux qui présentent une demande d'asile aux États-Unis en provenance de ces pays ont des membres de leur famille aux États-Unis qui les parraineraient s'ils étaient admissibles à cette mesure. C'est donc un vrai problème avec notre statut de protection temporaire parce qu'il n'y a aucun moyen d'y mettre fin.

 

Quand ça a été proposé pour la première fois, et j'étais parmi ceux qui y travaillaient, nous pensions que dans le cas d'un conflit et dans le cas d'une catastrophe naturelle, s'il s'agissait d’établir une stabilité dans les six à huit premières années, les gens rentreraient chez eux avec une aide à leur réintégration. Par contre, si le délai était supérieur à six ou huit ans, ils pourraient devenir résidents permanents. Malheureusement le congrès n’a pas suivi ce conseil et c'est pourquoi nous avons maintenant le programme tel que nous le connaissons maintenant.

 

L’administration Trump aura tout de même essayée de mettre fin aux statuts des personnes en provenance d’Amérique centrale, Haïti, Liberia et quelques autres endroits. Ces personnes auront subi beaucoup de pression parce qu'ils étaient dans l’impossibilité de prouver que leurs conditions avaient changé.

 

 

Q : Peut-on dire que les citoyens attendent simplement que les politiques se mettent en action ?

 

S-M : La société civile, en résumé, dit qu’on ne peut plus attendre alors nous allons entreprendre les premières mesures autant que possible et nous allons plaider pour que le gouvernement se ressaisisse et travaille sur cette question. En attendant, nous allons le faire aussi… L’autre chose intéressante, aux États-Unis, ce sont les grandes villes qui prennent les devants. Lorsque les États-Unis ont essayé de quitter l'accord de Paris, un certain nombre d'États et de villes se sont levés à ce moment-là et ont affirmés le maintien des objectifs que les États-Unis avaient fixés dans cet accord de Paris, qu’ils allaient continuer à travailler pour réduire les émissions CO2 et continuer à fournir l’aide à la population. Si le gouvernement fédéral n’agit pas, il va prendre des mesures et la Californie, qui a déclarée que la norme d’émission pour les voitures était bien au-dessus des normes que le gouvernement fédéral avait imposé originellement. En effet, la Californie a une économie puissante : c’est la cinquième plus grande économie dans le monde, elle aurait donc beaucoup d’influence si elle était un pays indépendant.

 

Donc, si la Californie dit : "vous ne pouvez vendre que des voitures qui répondent aux normes d’émissions, alors cela deviendra la norme d’émissions de CO2 aux États-Unis"… La Californie est puissante et prête à utiliser son pouvoir. L’administration Trump poursuit l'État Californien pour cela et leur dit qu’ils n’ont pas le droit d’avoir une norme plus dure que les normes fédérales. Mais j’espère qu’ils ne gagneront pas et je ne pense pas qu’ils gagneront devant les tribunaux parce que selon la Constitution, s’il n’y a pas une interdiction explicite des actions des États, les autorités laissent la responsabilité d'application aux États. Le problème pour l’immigration, bien sûr, c’est qu’il s’agit là d’un problème uniquement fédéral pour ce qui est de décider de qui peut venir au pays et qui peut y rester.

 

 

Q : Pour conclure, que pensez-vous des scénarii catastrophes en lien avec l’enjeu environnemental ?

 

S-M : Certains des scénarii de la fin du monde ne tiennent pas compte de l'ingéniosité et de l'innovation humaine qui ont déjà fait face à ce qui semblait être un défi insurmontable. Les gens se sont montrés à la hauteur. Je me souviens quand j'étais petite ... On nous disait tout le temps que l'on devait terminer notre plat à cause des enfants pauvres en Inde. Mais la révolution verte en Inde a suivi et ce pays est maintenant en mesure de nourrir sa population. On ne s’attendait pas à ce qu'un pays pauvre puisse nourrir un milliard de personnes et pourtant. Nous avons aussi vaincu des maladies que nous ne pensions jamais pouvoir guérir, etc.

 

Je n'accepte jamais les scénarii catastrophe selon lesquels nous ne serons pas capables de nous nourrir... Allez ! ... Le rendement de la production alimentaire est tellement plus élevé qu'à aucun autre moment de l'histoire et il n'y a aucune autre raison de supposer que la production échouera de sitôt. Cela dit, ce qui me préoccupe à grande échelle, non seulement aux États-Unis, mais aussi au Canada, en Australie, etc... C'est qu'il n'y a pas assez d'investissements dans la recherche et le développement pour que ce type d'innovation se concrétise. Oui, le marché fera beaucoup de choses et oui, nous serons en mesure d'obtenir beaucoup par ce processus. Mais un bon nombre d'innovations importantes sont apparues au cours des 200 dernières années ont eu lieu lorsque le gouvernement avait pris des mesures pour fournir des ressources aux universités qui finançaient les centres de recherche.

 

C'est ce qui se passe aujourd'hui, mais pas tout à fait à l'échelle nécessaire pour avoir l'innovation qui permettra de relever les défis du changement climatique. Je suis optimiste, mais je reste quand même prudente parce que je vois trop d'endroits où nous pourrions échouer.

 

Même s'il s'agit du niveau le plus élevé dont il a été question, c'est toujours une proportion relativement faible de la population qui sera touchée par les déplacements d'une façon ou d'une autre. Je veux dire que la migration internationale concerne aujourd'hui 3 % de la population mondiale. C'est une question très gérable. J'ai beaucoup combattu certains des groupes environnementaux qui ont utilisé la menace de déplacement comme un moyen d'obtenir de la sympathie pour en faire plus sur les changements climatiques. Je pense qu'en faisant cela, ils ont fait comprendre que tout mouvement qui se produira sera mauvais pour tout le monde alors qu'autant de mouvement pourrait être bon pour tout le monde. Nous ne faisons rien pour aider de nombreuses personnes à bouger de façon sécuritaire et ordonnée afin de leur permettre des retombées économiques.

 

Franchement, beaucoup d'entre eux vivent dans des endroits où ils ne devraient pas vivre parce ces milieux sont fragiles. La seule chose est de les aider à trouver des ressources alternatives de survie et de progrès économique et des opportunités à cet égard. Nous savons que la migration est l'une des meilleures stratégies de gestion des risques pour les populations pauvres. Elle donne plus sur le retour sur investissement que la plupart des autres intrants. J'espère que vous verrez qu'il y a deux faces sur une pièce de monnaie. Oui, il y a un côté alarmiste mais aussi un côté positif et bénéfique à ne pas oublier, qui permettra à un grand nombre de gens de jouir d'une qualité de vie adéquate à la condition humaine.

Traduit de l'anglais au français

to Services

Professeure émérite à l'Université de Goergetown à Washington. Ex-Directrice exécutive de la commission sur la réforme de l'immigration crée pour conseiller le Congrès américain et le président américain (Clinton) en matière d'immigration et de réfugiés. Ce n'est qu'un aperçu d'une longue carrière universitaire.

to Work

D’après l’entrevue effectuée avec Susan Martin, les points chauds ont été ciblés et les réponses aux situations les plus urgentes trouvées. Forte de son expérience au sein de l’administration Clinton, le regard positif qu’elle propose sur les migrations procure un sentiment d’apaisement. Quand elle dit « J’espère que vous verrez qu’il y a deux faces sur une pièce de monnaie » elle explique que les problèmes peuvent être interprétés de deux façons : positive ou négative. Bien que les groupes écologistes aient la meilleure des intentions en produisant des messages alarmistes, ils font aussi le jeu des discours nationalistes, xénophobes et racistes. La migration est endémique à l’espèce humaine.

 

La course folle à la croissance, à la production et le système de la mondialisation dans lequel s’inscrit la dynamique planétaire ne fera qu’accélérer ce processus … C’est une conscience mondiale qui doit naître d’une politique interne à chaque pays qui lancera la marche mondiale vers un futur écologique et responsable. Et, tant que les politiciens refusent de se mettre en action, à cause d’une vision à court-terme qui s’inscrit exclusivement dans un but électoral, alors oui, se prendre le mur sera inévitable. Comme Martin Schain a précisément rapporté au cours de l’entrevue proposée précédemment, on ne peut savoir ce qui se passerait d’ici huit à dix ans. La politique américaine est constamment en fluctuations et toujours selon Mr.Schain c’est par la mobilisation, le questionnement préalable et l’action qu’un ébranlement sociétal aura lieu.

 

Un groupe, « The Squad » composé de Rashida Tlaib, Ilhan Omar, Alexandria Ocasio-Cortez, Ayanna Pressley bouscule l’agenda politique américain et représenterait un renouveau socio-politique. Une des mesures qui propose un changement drastique du système américain actuel est  le « Green New Deal ». Aujourd'hui et depuis peu, Alexandria Ocasio-Cortez sort du lot après avoir endossée la campagne politique du candidat démocrate Bernie Sanders. Malgré sa jeune expérience sur l'échiquier politique, son influence grandit de jour en jour.

Enfin, pour conclure ce web-dossier, il est bon de terminer avec l'intervention d'une citoyenne américaine engagée mais qui a voulu rester anonyme. Pancarte à la main, elle essaye par ses propres moyens d'appeler à la conscientisation collective. Elle réagit à la passivité des politiciens et dénonce l'obsolescence des batailles partisanes.

Traduction du micro-trottoir ci-dessus

"C'est la résolution 109 de la chambre des représentants dont Alexandria Ocasio-Cortez en est la signataire principale mais il y a au moins 50 autres signataires sur cette résolution.  Ce n'est pas une résolution qui dit quoi faire mais comment faire pour supporter l'infrastructure, la recherche écologique dans le but de protéger l'environnement, réduire la pollution et les émissions de CO2. Ce sont les bases de la résolution.

 

Pour résumer, elle (la résolution) propose principalement de tout nettoyer, réduisons les gaz à effet de serre et soyons juste. En incluant les communautés qui ont été marginalisé et ne pas faire la même erreur des colons en "découvrant" les terres indigènes et en leurs imposant une marche à suivre. On ne peut pas simplement dire quoi faire à un quartier "Noir".

 

Elle (Alexandria Ocasio-Cortez) est aussi pour le nettoyage de sites industriels abandonnés, où il est impossible d'habiter de façon sécuritaire. Une partie de la résolution est de nettoyer ces cites industriels abandonnés, qui ont été identifiés il y a de ça déjà plus de 20 ans. Donc l'objectif est de les nettoyer et ces sites ont tendance à se trouver dans des endroits pauvres. Ces personnes souffrent parfois encore des effets de la pollution.

 

Donc, nettoyons ces sites et ceci s'inscrirait donc dans un système d'équité, en essayant de donner accès à de l'eau potable et de l'air pure.

Mais j'essaie tout simplement d'aller devant le Congrès américain, en tant qu'individu sobrement vêtu, en disant "Vous savez quoi ? Ce n'est pas une question d'appartenance à un groupe particulier et il y a beaucoup de gens comme nous qui n'appartiennent à aucun groupe.

 

Mais nous restons tout de même très concernés et nous ne comprenons pas comment les républicains ne se penchent pas plus sur le sujet".

Je marche toute seule en tant que citoyenne concernée

Reporter : "N'est-ce pas plus une question de bon sens?"

 

-"Du bon sens ! Et si vous lisez la résolution, elle résume ma pensé : ce n'est que du bon sens"".

Samuel Sauvageau-Audet

Paul Latière

bottom of page